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Au maître, au confrère, à l'ami : florilège d'envois à Paul Bourget

Maurice Barrès (1862-1923)

Maurice Barrès est l’écrivain que Bourget, son aîné de dix ans, aurait sans doute voulu être. Il fut, de façon éclairée et attentive, le conseiller littéraire de son cadet. Ils furent aussi des amis étroitement liés, bien au-delà de leur soutien et de leur considération littéraires réciproques. Les écrits intimes et les correspondances privées des deux auteurs en témoignent. Bourget, comme sa femme Minnie Bourget, notent dans leurs journaux, la fréquence de leurs rencontres avec le couple Barrès, qui est très souvent convié au Plantier de Costebelle, leur résidence hyéroise. Barrès, dans Mes cahiers, multiplia les références à Bourget comme poéticien du roman, lorsqu’il écrivit notamment qu’il « a l’amour, la science de l’art du roman » ainsi qu’une « âme secrète et romanesque ». Les renvois littéraires publics sont aussi nombreux. Bourget fut le découvreur de Barrès, et le fit accéder à la notoriété. Son article du Journal des débats du 3 août 1888, à propos de Sous l’œil des Barbares, est repris dans les Nouveaux essais de psychologie contemporaine en 1899. Barrès avait précédemment dédicacé en 1888, Huit jours chez Monsieur Renan, au double romanesque autorisé de Bourget, à « Claude Larcher, l’homme libre », dans une double référence croisée puisque Barrès donna précisément ce titre, L’Homme libre, au second tome du Culte du Moi paru en 1889 après Sous l’œil des Barbares. Il dédia à Bourget Les Déracinés en 1897, fondé sur l'analyse de l’œuvre du maître : « Déracinés, nota-t-il, se trouve dans la lettre de Taine à Bourget sur le Disciple (29 septembre 1889) ». Bourget considéra Colette Baudoche en 1909, comme « un chef d’œuvre ». Il s’enthousiasma pour lui et le soutint de façon constante, de sa première publication, Les Taches d’encre, en 1884, à la direction éditoriale des Dimanches politiques et littéraires en 1889, puis quand il candidata à l’Académie française, où Barrès fut élu en 1906. La même année, il est élu député du 1er arrondissement de Paris. Quand Barrès, défendant un nationalisme républicain, refusa de s’enrôler dans l’Action française de Maurras dont il avait soutenu les débuts, Bourget lui en fit reproche dans une correspondance du 19 avril 1901 citée par Laurent Joly : « J’ai eu de la peine […] à constater que vous êtes séparé plus que jamais de l’idée monarchiste ». Leurs dissensions politiques n’entamèrent pas leur solide amitié. La vie exemplaire de Paul Bourget est la dernière publication de Barrès à l’occasion du jubilé de Bourget. Celui-ci fit l’éloge funèbre de Barrès dans la Revue des Deux Mondes, après sa mort, le 15 décembre 1923. Il prononça aussi à Sion-Vaudémont, le discours au nom de l’Académie française, lors de l’inauguration du monument élevé à la gloire de son ami, le 23 septembre 1928.

Pour en savoir plus :
Bompaire-Evesque, Claire, « Paul Bourget, collaborateur de Maurice Barrès », Revue d'Histoire littéraire de la France, n° 2, mars-avril 1992, p. 224-245.




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