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Au maître, au confrère, à l'ami : florilège d'envois à Paul Bourget

Francis Carco (1886-1958)

Francis Carco s’est défini comme le romancier de la bohême et des milieux interlopes de Montmartre et de Montparnasse qu’il fréquenta à son arrivée à Paris. Ami des nombreux artistes et poètes rencontrés dans les cabarets de la Butte, il fut remarqué et « sorti de la demi-obscurité où tant d’artistes végètent » par Bourget (Francis Carco, Bohême d’artiste, Paris, Albin Michel, 1940, p. 32). Bourget salua son premier roman Jésus-la-Caille (1914). La proximité des deux écrivains, l’un romancier du « milieu », l’autre du « monde », peut paraître étonnante. Mais si les espaces dans lesquels évoluent leurs personnages sont aux opposés de l’échelle sociale, ils sont propices à la description psychologique des passions. Carco et Bourget emploient alors une poétique comparable dans la facture de leurs personnages, se reconnaissant l’un l’autre dans cette proximité esthétique romanesque. Bourget devint ainsi le mentor de Carco, qui lui dédicaça L’Homme traqué (1922), pour lequel il obtint le Grand Prix du roman de l’Académie française, grâce à l’intervention du maître. Carco voua toute son existence une grande fidélité à Bourget, qui fit de lui un confident et un collaborateur, en l’invitant fréquemment dans sa résidence hyéroise du Plantier de Costebelle. Spécialiste incontesté de la « bohême littéraire », Carco, mémorialiste aux multiples ouvrages, livra également ses souvenirs sur son maître dans Fauteuil XXXIII, Paul Bourget (1932) dans la collection « Les Quarante » consacrée aux académiciens, puis dans Bohême d’artiste en 1940. Par de nombreuses anecdotes, il brossa ainsi un portrait un peu différent de l’académicien, homme qu’il décrit comme humble, mesuré, mélancolique et sachant s’abstraire de la gravité de ses personnages et de son statut d’auteur consacré. Carco regretta que Bourget n’écrivît pas, comme lui, ses souvenirs littéraires. C’est donc Carco qui, dans une continuité de disciple, fit part à la postérité de quelques souvenirs littéraires de Bourget sur Richepin ou Barbey d’Aurevilly.

Pour en savoir plus :
PIANTONI, Antoine, « “De Montmartre au Quartier latin” : constructions d’un espace symbolique dans les Souvenirs de Carco, Dorgelès et Albalat », dans LAISNEY, Vincent, (dir.), Les souvenirs littéraires : Actes du colloque du 2-3-4 juin 2016 à l’université de Paris Nanterre, Liège, Presses universitaires de Liège, 2017, p. 47-72.




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